La semaine dernière, après avoir exprimé ma surprise de ne pas voir plus de feuilles colorées dans les arbres, une de mes élèves m'a téléphoné le soir même pour me proposer d'aller dans les environs de Jinan, le week-end. On y trouve une vallée où l'on peut admirer des érables dont les feuilles prennent une magnifique teinte rouge en automne.
Nous voilà donc parties samedi après-midi en route pour Jinan sans savoir exactement si les feuilles étaient déjà rouges ou déjà tombées....
Week-end assez court car nous n'avons quitté Qingdao que vers 14h. Nous avons pris le TGV "train à grandes vibrations" (désolée, je sais que cette blague est éculée). Train très lent en tout cas (presque 5h pour atteindre Jinan) mais il faut dire qu'à 32 yuans (3€) le trajet, on ne pouvait guère s'attendre à autre chose. J'ai beaucoup aimé le voyage : l'atmosphère était très .... chinoise. En effet, comme le tarif est bon marché, la plupart des passagers sont des étudiants ou des paysans/ouvriers agricoles au visage tanné et ridé par le soleil qui transportent d'envahissants ballots. Jeanne m'a expliqué qu'il s'agissait, en fait, de leur couette car ils travaillent dans différents lieux et sont donc amenés à beaucoup se déplacer pour trouver du travail ou rejoindre leur famille. D'autre part, nous avons également aperçu des familles issues de minorités ethniques (il y en a une soixantaine en Chine) : on les reconnaissait à leurs vêtements un peu différents des autres et à leur dialecte dont Jeanne ne comprenait pas un mot.
Arrivées à Jinan, un des anciens camarades de classe de Jeanne nous a accueillies. Nous sommes allés manger ensemble dans un minuscule restaurant qui ne payait pas de mime, disons une gargotte : murs lépreux, carrelage sale, miroirs brisés... et j'en passe. Repas à 16 yuans (à nous 3 ! soit 50 centimes d'€ chacun...) pour deux plats de baozi (petits pains farcis) et un bol de nouilles ! Ah, les bons côtés de la Chine.... En guise de boisson : eau de cuisson des pâtes ! Et oui, il paraît que c'est assez courant (pas dans les restaurants, mais dans la famille) qu'elle serve de boisson. Après tout, la plupart des restaurants offrent de l'eau chaude comme boisson, alors au moins l'eau de cuisson a un peu plus de goût ! Le camarade de Jeanne trouve cela délicieux; pour ma part, je n'irais pas jusqu'à dire cela mais c'est parfaitement buvable.
Ensuite, il nous a emmenées à l'hôtel qu'il avait trouvé pour nous : 30 yuans la chambre pour nous deux ! Décidément, ce fut une journée économique ! Il faut dire que l'hôtel n'avait rien d'un palace. Il consistait, en réalité, en quelques chambres au premier étage d'un vieil immeuble bien laid. Notre chambre était minuscule : 6 ou 7 m2 avec un grand lit, un meuble avec une télé et une chaise. Je ne vous parle pas des rideaux troués, de l'absence de chauffage, de la poussière, des murs qui étaient en fait des cloisons; c'est pourquoi on entendait notre voisin ronfler ! Les toilettes et la douche étaient au bout du couloir. A ma grande surprise, les toilettes étaient à l'occidentale mais il fallait voir dans quel état de saleté était la pièce. La baignoire était remplie d'eau grisâtre à côté de laquelle se trouvait un balai serpillière qui ne devait pas souvent servir; le carrelage était couvert de poussière et de saletés; le lavabo, blanc à l'origine, était d'une couleur indéfinissable... C'est à vous décourager de vouloir vous laver. C'est vraiment le genre d'hôtel où l'on ne peut être que de passage : rester là plus d'une nuit serait trop déprimant ! Mais le plus incroyable de tout, c'est qu'il est géré par un vieux couple de Chinois qui vit dans une des chambres. Autrement, dit, ils n'ont pas plus de 7 m2 pour vivre. J'ai vu leur "appartement" : un grand lit, deux meubles dont l'un avec une télé et des appareils et ustensiles de cuisine empilés un peu partout, par terre, sur la télé.... Mais comment peuvent-ils vivre ici ? Il n'y a aucune fenêtre dans leur chambre, pas de chauffage, pas d'espace (le lit prend déjà presque toute la place !)... Je les plains....
Dimanche matin, nous avons pris le bus vers 8h30 pour rejoindre la station d'autocars. Pas de chance : un seul autocar dans la journée et il était déjà parti. Heureusement, il existe un bus qui y mène mais il est beaucoup plus lent. Nous n'avons donc atteint la vallée Hongye (des "feuilles rouges") que vers 10h45, sachant que nous reprenions le train pour Qingdao l'après-midi même !
Temps magnifique mais de feuilles rouges.... point. Apparemment, elles étaient déjà tombées. C'est vraiment dommage car le site était très plaisant : jolie vallée autour d'un lac, entourée de montagnes, avec des petits chemins, des cascades, des petits ponts, des pavillons.... C'est l'un des 10 nouveaux sites touristiques du Shandong. J'imagine que le paysage doit vraiment être féerique lorsque les érables sont rouges.
Ah, ces Chinois, quel romantisme !.... Et après, ce sont eux qui sont persuadés que la France est un pays romantique....
Et enfin quelques photos des stars de la journée, c'est-à-dire nous : Li, Jeanne et moi.
les vraies vedettes étant aux abonnés absents, mises à part quelques rescapées....
ainsi que quelques autres qui, à défaut d'être rouges, étaient d'une lumineuse teinte dorée...
Et pour finir, retour en enfance avec une délicieuse barbe à papa (et oui ! on en trouve aussi en Chine !) que Jeanne et moi avons dévorée sur la plus grande place de Jinan, juste avant de reprendre le train (le vrai TGV, cette fois-ci soit 2h20 de trajet pour 120 yuans).
Petite note culturelle : vous savez ce que fêtent les Chinois le 11 novembre ? Non ? Allez, je vous aide : 11 novembre = 1111. Non ? Vous ne voyez toujours pas ? Et bien, le 11 novembre, c'est la fête des célibataires (célébrée ce jour là pour la symbolique des chiffres 1) ! Les jeunes s'envoient des sms avec des "bonne fête" et sortent le soir dans les bars... Le symbolisme s'applique dans tous les domaines en Chine !....