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12 août 2015 3 12 /08 /août /2015 05:22

Les années passent et se ressemblent... J'ai un peu l'impression d'en être toujours restée au même stade par rapport à ma compréhension de la Chine ou plutôt de mon incompréhension. Cela dit, je crois que plus qu'une question de compréhension, c'est le problème de la comparaison. Lorsque l'on cesse de comparer systématiquement une culture à la sienne, c'est qu'on l'a intégrée, assimilée. Cela ne signifie pas qu'on ne puisse pas la critiquer, mais à condition qu'on le fasse sans jugement de valeur par rapport à sa culture d'origine.

Je ne suis pas patriote (patriote bretonne, certainement, française, non !), et pourtant, j'ai remarqué à quel point il est difficile de garder un point de vue neutre et de ne pas juger. On pourrait espérer que tant d'années loin de la France me conféreraient plus de sagesse, mais il semblerait que ce ne soit pas le cas....

En conséquence, j'avoue que je ne m'habitue pas à un certain nombre de comportements en Chine.

 

Je ne supporte pas le manque de professionnalisme de certaines de mes collègues ou des employés dans l'administration à l'université (pire qu'en France). Ils sont toujours les yeux et les doigts glués sur l'écran de leur portable, ils ne respectent pas les horaires, changent les plans au dernier moment, n'aident jamais les autres si ça ne fait pas partie de leurs tâches.... C'est-à-dire qu'il n'y a pas de polyvalence, en fait. Quand on a une question, il faut toujours trouver la personne adéquate pour y répondre. Et lorsqu'une question pose problème, elle est tout simplement ignorée. 

 

Par rapport au manque de professionnalisme à l'université, combien de fois ma directrice est-elle arrivée en retard à des activités extrascolaires ? Combien de fois ai-je vu des profs ne rien écouter lors d'une compétition mais pianoter sur les touches de leur smartphone (alors qu'ils étaient censés être juges et choisir les vainqueurs) ? Combien de fois ai-je vu des responsables venir à tels ou tels événements en touristes ? Ils restent une vingtaine de minutes, s'éclipsent en cours et on ne les revoit plus de la soirée. 

 

Quand à la vie quotidienne, j'ai parfois des envie d'assommer les ménagères chinoises avec mes aubergines quand je fais la queue au supermarché et qu'elles n'arrêtent pas de me griller la politesse. 

 

Je ne comprends vraiment pas ce qui se passe dans la tête des Chinois. On ne peut pas tout excuser sous le prétexte de différences culturelles. Il ne s'agit pas non plus de politesse. A l'évidence, la politesse est une notion bien différente entre la Chine et la France et ne m'a jamais vraiment dérangée. En France, nous sommes en fait très hyporcrites. Nous disons "Bonjour" et "Merci" dans les magasins et les restaurants et nous saluons (parfois) notre voisins de palier, même s'il arrive qu'on méprise cette personne. En Chine, pas de fausse politesse, donc. Je n'ai jamais vu les gens de mon immeuble se saluer et les Chinois ne remercient jamais les vendeurs ou les serveurs. Mais, finalement, on ne s'en porte pas plus mal.

 

Non, ce qui me gêne en Chine, c'est plutôt l'absence de règles sociales ou de leur application et la totale indifférence par rapport aux autres ("après moi, le déluge"). En effet, ça m'est égal que mon voisin me dise "bonjour" ou pas, par contre, ça m'ennuie énormément si quelqu'un me double dans une file. J'ignore s'il s'agit de déculturation. Je pencherais pour l'hypothèse de la très grande population chinoise. Comme les Chinois sont très nombreux, s'ils commencent à penser aux autres, ils n'arriveront jamais nulle part ou n'obtiendront jamais rien. Cela dit, il n'est pas possible que la société chinoise poursuive dans cette voie. Comme tous les Chinois se massent dans les grandes métropoles de l'est de la Chine, je ne vois pas comment les gens pourront vivre ensemble dans un semblant d'ordre et d'efficacité  si la règle du chacun pour soi continue à être le principe de base de tous les comportements.

 

Un jour, tu es en face de l'employée chargée de peser les légumes et les fruits au supermarché. Tu as trois sachets dans les main. Du coin de l'oeil, tu vois une femme s'approcher et tu l'observes se poser à côté de toi et non pas derrière toi (ce qui dans le monde est généralement connu sous l'expression "faire la queue"). Bref, tu poses son premier sachet sur la balance et, lorsque l'employée te le tend après avoir collé l'étiquette, la Chinoise à côté de toi se précipite pour poser un de ses sachets sur la balance. Du coup, tu dois lui forcer la main et poser le tien avant elle. Pas résignée, elle persiste et elle récidive le coup d'après et tu dois à nouveau la prendre de vitesse. Tu hallucines. Vous me direz, pourquoi faire tant d'histoires pour un sachet d'aubergines, de carottes et de courgettes ?

Toujours au supermarché (depuis que je suis mariée, je prends des exemples de vraie ménagère, lol). A la caisse, le client devant toi va systématiquement laisser son chariot sur place une fois qu'il a déposé les produits sur le tapis roulant. Donc, tu te retrouves en sandwich entre le chariot abandonné devant toi (que tu ne peux pas déplacer car le client prend son temps à la caisse et bouche le passage) et le chariot que pousse le client de derrière sans égard pour tes talons. Et, puis quand le client part enfin, il n'a pas un regard pour toi et le chariot qu'il a laissé en plan au milieu du passage. 

Ces deux anecdotes sont typiques de la vie quotidienne ici. Tout est une lutte ou alors il faut se laisser écraser. Ce sont plus des inconvénients que des combats, je le reconnais volontiers, pourtant c'est pénible car c'est partout et tout le temps. 

 

Vous faites sagement la queue sur le quai en attendant le métro mais dès qu'il arrive et que les portes s'ouvrent, des passagers surgissent de tous les côtés, courent pour être les premiers à entrer, vous doublent ou même vous poussent alors que, vous essayez de laisser descendre les autres d'abord. Peine perdue... Vous étiez le premier à attendre sur le quai, vous montez le dernier avec des orteils écrasés et des coups de coude dans le dos en cadeau. 

Et puis - je sais je radote -, pourquoi les Chinois crient-ils forcément ou n'utilisent pas d'écouteurs quand ils sont au téléphone dans le bus ou le métro ? L'autre jour, j'ai été fait des courses dans le centre de Canton. Pour rentrer, il faut prendre le bus pendant une heure. Mon voisin voulait écouter de la musique, apparemment. Pendant 57 minutes, j'ai eu le droit à un concert d'opéra chinois puisque, non content d'écouter de la musique sans mettre d'écouteurs, il a fallu en plus qu'il commence à chanter à tue-tête. Là, vous pouvez imaginer combien de regards noirs je lui ai lancés. En vain, évidemment. 

L'autre jour, nous étions au cinéma. Nous sommes allés voir Jurassic Park. En Chine, les places sont numérotées et quand on achète son ticket, on choisit sa place dans la salle. Ce jour-là, nous nous sommes donc installés à nos places. Quelques minutes après le début du film, une famille s'est assise à côté de nous à grand renfort de bruits. Non seulement les enfants n'ont pas cessé de faire des commentaires pendant tout le film sans que les parents les arrêtent mais en plus, vers la fin du film, le père de famille à côté de mon mari a ... répondu à un appel téléphonique ! Il a simplement collé l'appareil à son oreille et a commencé à parler normalement sans essayer de chuchoter. Mon mari lui a fait signe de baisser de ton, mais l'homme n'en a rien fait. Mon mari a dû répéter deux fois le geste avant que, finalement, l'importun ne se lève lentement et ne sorte de la salle tout en continuant à parler à voix haute dans son téléphone. Il n'est pas revenu mais vu qu'il nous avait embêté tout le film avec la pollution lumineuse en pianotant sans arrêt sur son téléphone, on se doute que le film ne l'intéressait pas tellement... L'attitude de certains individus est vraiment ahurissante !

 

C'est ce qu'il y a de bien avec les Chinois. Ils s'en fichent totalement des autres. 

Quand je dis bien, je ne suis pas ironique. Le côté positif, c'est qu'on peut s'habiller, se coiffer comme on veut, personne ne vous regarde en se moquant de vous, par exemple. Si vous poussez les gens, jetez votre cigarette sur le sol du restaurant, écrasez les pieds du voisin sans vous excuser, laissez votre enfant faire pipi par terre ou jetez vos déchets n'importe où; personne ne vous fera aucune remarque ou ne vous regardera avec un air de reproche. 

 

Le côté négatif, c'est que vous pouvez pousser les gens, jeter votre cigarette sur le sol du restaurant (alors qu'il y a une pancarte "interdit de fumer"), écraser les pieds du voisin sans vous excuser, laisser votre enfant faire pipi partout (dans la poubelle dans le bus, sur le trottoir, dans les couloirs d'un grand magasin...) ou jeter vos déchets n'importe où (dans les allées du bus, sous les sièges, sur le trottoir, par la fenêtre des véhicules, dans l'eau, sur les pelouses, dans les bosquets, etc...) sans que personne ne s'en émeuve.

 

Une autre attitude qui me laisse perplexe en Chine, c'est la place, l'occupation de l'espace. C'est assez curieux. Le comportement typique, c'est qu'un Chinois ne va jamais bouger de l'espace qu'il occupe (à moins qu'il ne puisse gagner des places dans une queue, bref qu'il y ait quelques avantages). C'est pourquoi, lorsque le métro ou le bus est bondé, même s'il y a de l'espace au fond du bus ou au milieu du métro, personne ne va bouger (en dépit des vociférations du chauffeur de bus) de sorte que les passagers qui souhaitent monter doivent forcer le passage et pousser tout le monde. Les Chinois vont donc préférer être bousculés plutôt que de simplement se mouvoir d'une vingtaine de centimètres pour faire de la place aux nouveaux passagers. De même, une fois assis dans le bus du côté du couloir, ils ne vont pas bouger pour faire de la place et s'asseoir côté fenêtre et ils ne vont d'ailleurs même pas faciliter le passage pour ceux qui souhaitent s'asseoir côté fenêtre. Du coup, il faut toujours enjamber quelqu'un en s'accrochant comme on peut car les chauffeurs de bus sont loin d'être la douceur incarnée. 

Par ailleurs, dans une queue au passage de la douane, lorsqu'un couple se retrouve séparé avec, par exemple, l'homme à l'avant et la femme derrière avec une dizaine de personnes entre eux, si elle ne parvient pas à rejoindre son mari, il ne va pas pour autant laisser passer les gens derrière lui et ne va pas chercher à revenir au niveau de sa femme. J'imagine qu'une fois la queue terminée, il l'attendra pourtant pour continuer leur chemin ensemble. Donc, quel intérêt ? A moins qu'ils n'espèrent que la femme puisse remonter la file à un moment ou un autre. Ce serait anecdotique si je n'avais pas noté cette curieuse manie plusieurs fois.

Tout ceci également pour dire que comme les Chinois ne veulent jamais céder la place ou le passage, ils vont donc vous tout le temps vous coller que ce soit pour monter dans les transports en communs ou dans les queues (ce qui n'est franchement pas agréable quand il fait 34°C et une humidité de 100%). S'il y a une distance de politesse en Chine, je ne l'ai jamais expérimentée. Je suppose que là encore on pourrait avancer l'argument de la population. Avec plus d'un milliard de concitoyens, si l'on laisse un peu de place, quelqu'un d'autre va en profiter... La seule exception notoire, c'est que les Chinois cèdent relativement volontiers leur place aux personnes âgées et aux parents avec des bébés, en tout cas, plus qu'en France par rapport à mes souvenirs. 

 

Voilà un peu les petites choses qui m'agacent en Chine. Cela dit, je ne dis pas que la vie en France est plus agréable. Je me souviens des serveurs méprisants, des gens faussement polis mais qui lâchent un grand soupir qui vous fait bien comprendre ce qu'ils pensent de vous sans compter le racisme ambiant auquel doivent faire face les étrangers. Un Chinois en France doit affronter des obstacles bien plus séireux que les Français (ou occidentaux) en Chine.

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