Lorsque j'ai commencé ce blog, mon intention était uniquement de donner de mes nouvelles à mes proches. Je n'avais pas imaginé que ma petite vie puisse intéresser d'autres personnes. Or, ayant reçu certains commentaires de lecteurs qui désiraient en savoir un peu plus, je me sens tenue de fournir quelques précisions supplémentaires.
Pourquoi suis-je devenue professeur de fle et pourquoi en Chine ? Ce n'est pas si évident à expliquer. Je n'avais pas vraiment envisagé le professorat lorsque j'ai débuté mes études universitaires. A cette époque-là, tous mes rêves n'avaient qu'une seule direction, qu'un seul nom : le Japon. Après avoir effectué ma licence de japonais et n'ayant pas pu effectuer ma maîtrise au Japon, je me suis interrogée sur ce que j'envisageais réellement comme métier. En plus du japonais, j'avais suivi une formation qui pouvait déboucher sur un diplôme de commerce international si je décidais de poursuivre dans cette voie. Mais, tout en sachant que je pourrais sans doute trouver un travail dans ce domaine et avoir un salaire honorable, je ne me suis jamais vraiment vue faire ce genre de métier. Le monde de l'entreprise me semble si dénué d'humanité et de relations humaines. Ce n'est peut-être que clichés et divagations, mais il me manquait une chose : j'ignorais encore quelle pouvait-elle être.
En même temps que ma licence de japonais, j'avais d'autre part suivi des cours d'initiation au fle (français langue étrangère) parce que je savais que cela pouvait être un autre moyen pour moi de partir au Japon. Les cours de fle ne m'ont jamais vraiment passionnés car ils étaient soit trop techniques soit trop théoriques mais, néanmoins, j'ai poursuivi dans cette voie en choisissant de faire un master de fle à Paris 4 (que je déconseille, excepté la seconde année de master professionnel dont les cours de français professionnel sont donnés par la Chambre de Commerce et d'industrie de Paris). Avec ce master, j'abandonnais le japonais mais pour mieux le retrouver par la suite, espérais-je. Je garde toujours cet espoir, en réalité, même si la route est plus longue que je ne l'avais escompté.
Pourquoi ne pas avoir choisi de devenir professeur de japonais puisque, apparemment, je me destinais au professorat ? Parce que ma volonté était de partir au Japon et non pas de rester en France.
Si je me suis décidée, finalement, pour un master de fle, ce n'est pas, non plus, complètement au hasard. Lors de mon année de licence, j'ai travaillé pendant un an 2h par semaine en tant que bénévole dans une petite association franco-chinoise où j'enseignais le français. Rétrospectivement, je me rends compte que mes cours étaient abominables : aucun objectif prédéfini, aucune méthode, aucun manuel, aucun programme. Je faisais au jour le jour, avec des élèves de niveaux complètement différents (mélangeant le fle et l'alphabétisation) qui ne pouvaient pas toujours suivre les cours régulièrement. Qu'ont-ils retiré de mes enseignements ? Probablement bien peu de choses, j'en ai peur. Or, contre toute attente et en dépit des conditions de travail, j'ai adoré donner ces cours. Mes élèves étaient si gentils et appliqués, j'avais l'impression d'être utile, je me suis rendue comtpe que j'aimais expliquer les choses, que j'avais suffisamment de patience pour les répéter autant que nécessaire.... Alors, effectivement, pourquoi pas professeur de fle ? Je crois qu'enseigner à des étudiants étrangers ou à des Français est assez différent. En France, j'enseignerais à des adolescents avec lesquels je devrais faire jouer la discipline et l'autorité; ce qui ne me correspond pas et que je ne me vois pas mettre en pratique. Avec des étudiants étrangers, la relation me semble plus enrichissante car elle n'est pas uniquement hiérarchique et à sens unique. Il existe un vrai partage, un échange de connaissances (je leur enseigne le français mais j'apprends également beaucoup de choses sur leur culture ou leur langue).
Pendant mes deux années de master, le plus intéressant et formateur, pour moi, ont été les stages. J'en ai effectué deux dans des associations franco-chinoises (car il n'y a que les associations qui acceptent facilement les stagiaires puisqu'elles n'ont pas besoin de les payer ou si peu; d'autant que, dans certaines, tous sont bénénvoles) et un stage en Corée. Ne pouvant trouver au Japon ou dans des centres de langue pour Japonais, j'ai toujours essayé de focaliser mes recherches sur les pays culturellement et linguistiquement les plus proches du Japon.
Finalement, pour ma recherche de travail, les choses se sont passées de la même façon. Il n'y a pas vraiment beaucoup de possibilités de trouver des postes de professeur de fle au Japon (excepté si l'on est déjà sur place et que l'on peut démarcher les écoles ou attendre qu'une place se libère). Ne pouvant me permettre ce luxe et en attendant d'avoir plus d'expérience dans le métier; ce qui m'ouvrira plus de portes, je l'espère; je me suis tournée vers la Chine car toutes mes expériences avec le public chinois se sont toujours très bien passées.
Donc voilà pourquoi je suis professeur de fle en Chine, cette année. Quant à l'année prochaine, qui sait ? C'est à la fois le drame et la chance de petits professeurs de fle tels que moi : voués à la précarité, on doit toujours être à la recherche d'un nouveau poste. Mais n'est-ce pas, là, ce qui fait l'intérêt de ce métier ? Nous évitons ainsi la routine car nouveau pays (parfois), nouvelle école, nouveaux élèves, nouvelles méthodes de travail.... Ce ne doit pas être tout le temps facile à vivre, mais c'est aussi ce qui m'intéresse .... pour le moment.
Pour ceux qui souhaiteraient faire ce métier, un master de fle est nécessaire (contrairement à l'anglais : la demande est tellement importante que certains, par le seul fait qu'ils parlent anglais, sont employés. C'est, par exemple, le cas à l'université de Qingdao où j'ai discuté avec un couple d'Américains qui me disaient qu'ils devraient être à la retraite mais qu'ils étaient en quête d'aventure et de nouvelles expériences. Et le professorat, dans tout ça ? Ce n'est qu'un prétexte pour venir ici. Evidemment, ils ne me l'ont pas dit ainsi et je me trompe peut-être mais vu la moyenne d'âge de tous les professeurs américains, je doute que je fasse erreur.)
Une fois, notre master en poche, les possibilités de trouver un travail, si elles sont restreintes en France, sont assez grandes à l'étranger à condition d'être prêt à accepter des conditions de travail pas toujours évidentes et des salaires de misère (car nous sommes, la plupart du temps, payés sur la base d'un contrat local, donc je vous laisse imaginer le montant d'un salaire en Chine lorsque l'on sait le coût de la vie dans ce pays, sans compter que vous ne cotisez ni pour votre retraite et que vous ne bénéficiez pas de la sécurité sociale français puisque vous n'avez pas le statut d'expatrié). En fait, les conditions sont assez variables en fonction des pays et des écoles. Je crois que je suis plutôt chanceuse car je n'ai aucun frais (mon logement est payé par l'université, pas de transports...), excepté la nourriture. Donc avec mon salaire, je vis très bien ici, pour peu d'heures de travail, en fin de compte, puisque j'ai seulement 12h de cours par semaine (il est vrai que j'en mets au moins le double pour préparer mes cours !) mais lorsque vous voyez des annonces d'Alliance Française sur lesquelles on vous parle de 20h ou 25h de cours par semaine.... Cela fait peur.
Si vous n'avez pas la chance de connaître quelqu'un dans le pays où vous souhaitez enseigner qui puisse vous aider à chercher un emploi, il existe des sites internet spécialisés pour le fle, tels que www.fle.fr ou www.fdlm.org qui listent les offres d'emplois dans tous les pays du monde. Sur le site de l'Alliance Française de Paris, on peut également trouver des offres (mais très rarement, en fait).
Je ne crois pas être vraiment qualifiée pour parler du monde du fle qui est encore nouveau pour moi, mon expérience dans ce domaine étant encore très limitée; cependant, je suis prête à répondre à toute question ou à toute demande d'informations supplémentaires.