Une autre chose me revient à l'esprit : les slogans communistes. En fait, la plupart du temps, je n'y prète pas attention car :
1) comme tout est écrit en caractères chinois dans les rues, je ne m'amuse pas à déchiffrer tout ce qui me tombe sous le regard
2) lorsqu'il m'arrive d'être plus courageuse et de faire cet effort, je n'ai pas forcément de dictionnaire sous la main
3) on ne les trouve pas partout
Donc, il en existe sans doute beaucoup plus que ce que j'imagine mais c'est surtout à la campagne et dans les petites villes reculées qu'ils foisonnent. Pendant les vacances, j'en ai vu un certain nombre. Jeanne m'en a traduit quelques uns.
Petit florilège :
"Les garçons, c'est bien; les filles aussi : avoir l'un ou l'autre; c'est donc bien."
"Notre quartier est notre famille, construisons-le ensemble."
"Ne faites pos d'enfants : plantez des arbres !" (slogan vu dans une autre ville par Jeanne)
Plutôt que communistes, je dirais qu'ils sont surtout éducatifs à vocation civique, voire moralisatrice. En tout cas, on reconnaît bien les préoccupations chinoises comme celle de la politique de l'enfant unique ou de la préférence des Chinois pour les garçons.
Ces slogans sont visibles sur tous les supports : affiches, panneaux, murs et leur succès tient aussi à la langue chinoise. En effet, ces slogans sont fait de telle sorte que, très souvent, ils fonctionnent sous forme de rime. Par exemple, si je me souviens bien, celui qui concernait le quartier était ainsi rédigé : 我的小区是家, 公共建吧。wo de xiao qu shi jia, gong gong ... ba . Donc, deux propositions courtes qui riment entre elles; idéal pour retenir la phrase entière. La preuve, je m'en rappelle !
Autre sujet avec une petite devinette pour commencer. Qu'est-ce qui a perdu la confiance des gens et qui demande des mesures plus sévères pour éviter que la catastrophe ne se produise à nouveau dans le futur ? ....
Les actions en bourse ?
Mauvaise réponse !
Depuis la semaine dernière, les médias français ne parlent plus que de la crise mais, en Chine, l'émotion semble beaucoup plus contenue face à la débâcle financière et les Chinois se soucient plus du problème du lait - car c'était bien de lui dont il était question - que de la chute vertigineuse des cours boursiers.
Et l'inquiétude est bien réelle puisque pas plus tard qu'hier, je suis allée faire des courses à Jusco, l'un des supermarchés de Qingdao, et grande surprise au rayon des produits laitiers : il était bien achalandé, mais avec presque uniquement des bouteilles et des briques de lait de soja; ce qui confirme parfaitement ce que m'avaient déjà confié mes étudiants. En dépit de ce changement et des vendeuses qui s'égosillaient, le rayon n'attirait guère les clients. D'ailleurs, une sorte de psychose s'est installée car beaucoup de Chinois n'ont même plus confiance dans les autres boissons comme le jus d'orange ou autres.
A mon avis, les Chinois ont tort car s'il y a bien un produit bon pour la consommation désormais, c'est certainement le lait vu tous les contrôles pratiqués et les rapports quotidiens sur les tests effectués. Rien de tel qu'un bon petit scandale pour remettre les idées en place. Après tout, nous avons bien eu la "vache folle" ou le "sang contaminé"; donc nous n'avons pas de quoi pavoiser devant les Chinois.
Autre mode, autre perspective : la tendance actuelle serait au sentiment, voire au racisme, "anti-coréen". En réalité, c'est plus qu'une mode car ce sentiment remonte à longtemps, mais il est latent et s'est amplifié récemment. Attention, il s'agit ici de réflexions de mes étudiants : je ne sais pas jusqu'à quel point cela se vérifie ou pas. Cependant, il paraît que sur internet circulent beaucoup de rumeurs et de critiques contre les Coréens. Les Chinois leur en veulent car ils auraient diffusé des images de la répétition générale de la cérémonie d'ouverture des JO alors que les Chinois voulaient garder le secret le plus longtemps possible. D'autre part, ils revendiqueraient que Confucius et Laozi ou la médecine "chinoise" seraient d'origine coréenne; bref, qu'ils voleraient la culture historique chinoise.
J'ai quand même du mal à croire que les Coréens puisse proférer de telles choses et ne puis m'empêcher de me demander dans quelle mesure cette campagne de dénigrement est soutenue par les autorités et la presse officielle. Mais alors dans quel but ? Exalter la fierté des Chinois et leur supériorité en matière historique ?
Quoiqu'il en soit, les Chinois s'amusent à s'échanger des blagues anti-coréennes comme celle-ci :
"Après les JO, Phelps (le nageur américain qui a raflé toutes les médailles ou presque) suscitait toujours beaucoup de jalousie parmi tous les pays qui trouvaient que ce n'était vraiment pas juste car il existe toutes sortes d'épreuves en natation (papillon, brasse, dos, crawl, 50m, 100m, 200m, 4*100m, nage libre, en équipe,...). Bref, autant de chances de médaille pour Phelps et les Etats-Unis puisque la natation est leur point fort. Les autres pays voulaient donc que les épreuves soient dédoublées dans les autres sports dans lesquels ils étaient bons pour obtenir plus de médailles.
- le Brésil a demandé que la compétition de foot soit divisée ainsi : équipes de 3, 5, 7, 9, 11 joueurs, sur la pelouse, la plage, en salle
- la Chine a émis le désir que les épreuves de ping-pong soient jouées en simple, double, en coups droits, en revers.. et les épreuves de plongeon se fassent à 1,2,3,4,5,.... jusqu'à 10m
- la Grande-Bretagne a suggéré que les épreuves d'équitation soient subdivisées en fonction de la couleur du cheval : blanc, noir, auburn....
- le Kenya a proposé que les épreuves de course de fond soient fragmentées en 10000m, 11000, 12000, 13000m,...
- la Thaïlande a dit que pour toutes les épreuves, on devrait rajouter une catégorie en plus des équipes féminines et masculines et que l'on devrait avoir des équipes de transexuels
.....
Seule la Corée n'émet aucune exigence et crie simplement : "Phelps est Coréen !".
Voilà ! C'est de l'humour à la chinoise !... Je ne suis pas sûre que cela fasse particulièrement rire les autres nationalités surtout que le contexte n'est pas le même.
Enfin, on peut se dire que rien n'est perdu et que toute culture devrait parvenir à se comprendre car, après tout n'avons-nous pas les mêmes pensées avec simplement un point de vue différent ? Ainsi, si en France, nous disons "Qui vole un oeuf, vole un boeuf", les Chinois, eux, c'est : "Qui vole une aiguille, vole de l'or"; comme toujours dans ces cas-là en chinois, les mots sont choisis en fonction de leurs rimes comme dans les slogans.