Vous allez me dire que je me manque d'esprit critique et que je n'évoque jamais les sujets qui fâchent. Alors aujourd'hui pour ce faire, je vous propose un petit jeu : j'ignore qui lit mon blog donc je vais écrire mon message de façon détournée.
Quand on pense à la Chine, on pense souvent à la C... = mot de 7 lettres signifiant « examen d'une autorité décidant de ce qui peut être publié ou diffusé ». Est-ce que j'en ressens les effets ? De façon indirecte, oui. De quelle manière ? Par exemple, lorsque je surfe sur internet à la recherche d'informations pour préparer mes cours, je me suis rendue compte que certains sites étaient inaccessibles. Au début, je n'y prêtais pas attention car, après tout, il n'est pas rare que les liens ne fonctionnent pas tous correctement ou que certains sites aient disparu. Cependant, lorsque j'ai tenté plusieurs fois d'accéder à l'encyclopédie libre W.... , j'ai vu que cela m'était impossible. Ce n'est qu'à partir de ce moment-là que j'ai compris qu'il faisait partie des sites C... à l'instar d'un certain nombre d'autres. Le problème lorsque je souhaite accéder à une adresse que je ne peux ouvrir, c'est que j'ignore si c'est lié à la C... ou simplement parce que le site n'existe plus, le message d'erreur étant identique dans les deux cas.... Je suis d'autant plus surprise que les informations que je recherche sont anodines : elles concernent uniquement mes cours, c'est-à-dire grammaire, civilisation... Par contre, c'est clair qu'il y a de la C..., notamment lorsque les recherches portent sur des sujets problématiques : j'ai fait le test. J'ai tapé dans un moteur de recherche le mot F.... = mot en 9 lettres, mot chinois qui désigne une sorte d'organisation considérée comme subversive, pour rester dans le vague. Et là, c'était le ponpon : impossible d'afficher ne serait-ce que la page des résultats. Pour les autres, lorsque je tape T... ou T... (noms de deux pays proches dont on ne sait pas exactement à qui ils appartiennent ... ou pas), un certain nombre de résultats s'affichent mais la moitié des liens au moins ne s'ouvrent pas ici. Avec le mot F..., c'est pire : la page des résultats elle-même est inaccessible « Impossible d'afficher la page » me dit mon moteur de recherche comme si j'avais un problème de connexion internet; ce qui n'est pas le cas.
Quand on pense à la Chine, on pense à la P.... = mot de 10 lettres dont le sens est « action qui a pour but de propager certaines opinions, doctrines... ». Sincèrement, je ne la ressens pas dans ma vie quotidienne d'autant plus que je ne regarde pas la télévision et que je ne lis pas les journaux (j'ai une bonne excuse : je serais bien incapable de les lire !). Donc, dans quelle mesure, la P... influence-t-elle la vie des Chinois ? J'ai du mal à répondre à cette question. Ce que je peux dire à mon niveau, c'est-à-dire ce que j'ai pu observer dans les productions de mes étudiants, c'est qu'ils n'ont pas de connaissances très poussées sur le monde en général et les litiges politiques actuels qui ont lieu dans certains pays voisins. Je pense notamment à l'exemple de la B..... Mes étudiants ignoraient totalement ce qui se passait là-bas, aucun d'entre eux n'avait entendu parler d'A.S.S.K (femme très célèbre) et, évidemment, pas un ne savait que leur pays soutenait les dirigeants au pouvoir. De même, tous mes étudiants trouvent normal que T... (vous savez, la petite île au large des côtes chinoises) revienne dans le giron national. Ainsi, pour expliquer le mot « reprendre » dans la phrase « L'Allemagne a repris l'Alsace et la Lorraine à la France » (c'était un exposé sur les guerres), l'étudiante a donné un exemple : c'est comme nous, la Chine veut reprendre T.... Et là, tous mes étudiants ont acquiescé, cette illustration leur parlait. Je ne dis pas que c'est bien ou pas bien de le penser, je veux juste vous faire comprendre que mes étudiants n'ont pas de recul ou d'esprit critique. Pour eux, c'est normal car cette île est chinoise, point final. Ils sont incapables d'avancer un argument. C'est d'ailleurs la même chose pour la question du T... (pays montagneux dont le représentant a récemment été reçu par le chef de l'Etat des Etats-Unis). De toute façon, sachant que les étudiants ont des cours de politique durant une grande partie de leur scolarité et même pour passer leurs examens de master, il est indéniable qu'il y a bien de la P... à un moment donné ou un autre....
Quant aux problémes de la P... de M.. = le fait de recourir à une punition plus expéditive que la prison à vie, je vous ai déjà cité l'exemple d'une de mes étudiantes qui déclarait que « le coupable sera condamné à mort, évidemment ». Cette phrase n'a pas besoin d'être commentée...
Sinon, la question des D... de l'H...., un de mes élèves m'a fait un long discours pour me démontrer qu'à l'heure actuelle, les préoccupations de la Chine sont surtout d'ordre économique et que le reste n'est que bagatelle pour l'instant. Selon lui, la Chine doit surtout se concentrer sur l'aspect économique et donner du travail à tous les Chinois, les rendre plus riches... bref devenir une grande puissance économique (qu'elle est déjà); alors les thèmes de l'environnement, des D... de l'H... à côté, ne comptent guère car ce ne sont pas eux qui vont permettre à la Chine de s'enrichir.
Les Chinois sont incroyablement matérialistes. Ils ont peut-être de bonnes excuses : la vie n'est pas si facile après tout. Ils sont obligés d'économiser toute leur vie pour s'acheter un appartement, les plus nantis ayant le luxe de se payer une voiture en plus. Les Chinois ramènent tout à l'argent. Je crois que Nicolas Sarkozy aurait beaucoup de succès en Chine avec son slogan « travailler plus pour gagner plus » : alors qu'un certain nombre de Français méprisent cette façon de penser, je suis certaine que cette phrase parlerait immédiatement à nos amis chinois !
Dans cette grande équation, quel est mon rôle en tant que prof de français ? Et en ai-je un, d'ailleurs ? Je le crois même si je n'ai pas l'intention de changer leurs pensées mais, plutôt, leur façon de penser. Je veux leur montrer qu'il y a des gens qui perçoivent les choses différemment d'eux; ce qui ne signifie pas que c'est meilleur. Ma seule ambition, c'est de leur forger le début d'un esprit critique, leur montrer la voie, leur ouvrir l'esprit en leur montrant qu'il existe d'autres façons de voir les choses, qu'il n'y a pas de « pensée unique » (décidément tout me ramène à Sarkozy aujourd'hui !). Je ne veux pas le faire de façon brutale : je ne cherche pas à leur imposer quoique ce soit alors j'y vais par petite touche. Et, pour ce faire, j'avoue que les cours d'audiovisuel sont une bénédiction. Je leur ai montré des reportages sur la Birmanie, sur l'Afrique exploitée pour ses richesses naturelles mais dont les retombées ne touchent pas les populations locales (l'Afrique est très à la mode en Chine : beaucoup de mes élèves souhaitent y aller travailler car il y a du travail là-bas et c'est bien payé. Je ne vous fais pas un dessin : vous avez compris pourquoi l'Afrique est importante pour la Chine...),... Sur le thème de la politique, je leur ai passé un extrait des Guignols de l'Info sur Sarkozy et du « Nouvel Immigrant » (parodie de la Nouvelle Star) qui sous-entend que le chef de l'Etat n'est peut-être pas aussi partial à l'égard de tous les étrangers... (je vous conseille de regarder cette vidéo que vous pouvez trouver sur Youtube, elle est géniale !). Je leur distribue également des articles de presse de journaux français qui parlent de problèmes généraux et qui citent la Chine en simple exemple (j'en ai trouvé un récemment qui parlait de l'environnement et qui expliquait que 6 des 30 villes les plus polluées dans le monde se trouvent en Chine)... Je ne fais pas de commentaires sur ce genre d'informations car mon intention n'est pas de critiquer la Chine mais simplement d'amener mes étudiants à prendre du recul et à réfléchir sur leur pays et le monde. Je ne suis guère plus âgée qu'eux mais ils me semblent tellement plus jeunes, peu concernés par le reste du monde et les grands sujets de société. Ils n'ont aucune réflexion; c'est d'ailleurs pourquoi j'ai un peu de mal à faire des débats : ils ont des difficultés à trouver des arguments. Et je sais qu'ici, il ne s'agit pas uniquement d'un problème linguistique...